Punishment Park (1971)

Initialement écrit le 05/07/2014

Punishment Park (1971). Celui-là j'avais dû le voir un peu plus tard sur Arte, vu que je me souviens que c'était en VO 👾  (y'a pas de VF de toute façon je crois).
C'est un film contestataire américain présenté comme un faux reportage sur le sort de détenus dans un "punishment park", un endroit fictif / dystopique, où des détenus condamnés pour atteinte à la sûreté de l'État (allant de l'activisme au simple refus du draft pour la guerre du Vietnam) se voient offrir le choix de servir de cobayes d'entraînement pour les policiers anti-émeutes et les militaires, à la place des lourdes peines d'emprisonnement qui les attendent.

Ce sont des camps qui ont été établis suite à l'État d'urgence décrété par le président Nixon dans un pays en proie aux émeutes, et les accusés sont arrêtés et amenés devant un "tribunal exceptionnel populaire" qui leur délivre un procès sommaire. Ceux qui ont choisi l'alternative du Punishment Park ont 3 jours pour traverser un désert de 85 km sans aucune ressource, et atteindre un drapeau américain situé à l'autre bout, pourchassés par des flics et des militaires. S'ils y arrivent, ils gagnent leur liberté mais s'ils sont pris, ils devront purger leur peine (et évidemment dans le film ça part en couilles).

Le film a provoqué un scandale en étant diffusé dans un festival, jusqu'à finalement se voir refuser d'être distribué par les studios hollywoodiens (taxé d'anti-américanisme et de saper l'effort de guerre). Car oui, il faut re-situer un peu le contexte, en 1968 l'armée américaine bombardait le Vietnam à 10 km à peine de la frontière chinoise, donc niveau risque de guerre mondiale / nucléaire les gens ont eu un peu chaud au cul. Et puis évidemment les émeutes un peu partout dans le pays (américain), entre protestations anti-Vietnam et mouvement des droits civiques etc, tout ça faisait que certains (selon leur expérience du moment) croyaient limite être proches de la fin de la société américaine / chaos, ce qui explique un peu le ton rencontré dans ce genre de films.

Le film montre donc une équipe de reportage qui suit un groupe de détenus essayant de rejoindre le drapeau dans le désert, et une autre équipe qui filme les procès populaires d'un autre groupe d'accusés. Et les "jurés" discutent allègrement avec chaque détenu de leurs idées politiques, en essayant de les convaincre de rentrer dans le droit chemin etc.
Je sais pas à quel point c'est réaliste, même si c'est un tribunal "populaire" et que plus loin dans le film ils semblent dire qu'ils font ces débats avec les détenus exprès parce qu'il y a la télévision, pour éduquer les foules etc, m'enfin j'imagine qu'en vrai tous les jurés s'en branleraient, des messages politiques des accusés 👹, et que les convaincre ça serait pas trop le but ici et maintenant...  (enfin c'est un film, ces discussions sont là en tant que messages parce que c'est justement le but du long-métrage, ça on sait)
Pour mon avis, je trouve le synopsis très sympa avec l'histoire de mini-jeu de poursuite 💀, ensuite pour les idées, bin comme d'hab c'est bien de pousser les gens à se poser des questions contre l'establishment tout ça, mais sinon y'a rien de très original ni de très poussé (bouh répression machin)... Enfin je suis peut-être un peu trop méchant, ça va c'est pas non plus nunuche en fait. Donc c'est en même temps un témoignage de cette époque, et en même temps le reflet de certaines choses qui sont toujours valables aujourd'hui on va dire.

Le film a été fait avec peu de moyens (une seule tente et le désert comme seul décor dispo) et des non-acteurs pour la plupart des rôles, qu'on a en plus laissé totalement improviser. Anecdote marrante : quand les détenus dans le désert ont improvisé le fait de jeter des caillasses sur les militaires, ces derniers ont tiré sur eux, et ceux qui jouaient l'équipe de reportage ont paniqué en croyant que les autres venaient vraiment de se faire tuer. Leurs réactions de panique (sincères donc) ont été gardées dans le film.
Donc je dirais, sympa et intéressant. En tout cas pas chiant.