Initialement écrit le 14/01/2012 et le 18/04/2015
Vous devez déjà connaître Gai-Luron, le fameux personnage de Gotlib si vous vous êtes déjà un peu penchés sur la BD franco-belge (ou êtes tombés sur un pot de crayon ou que sais-je avec sa tête dessus). Pendant la plus grande partie de ses aventures, Gai-Luron est affublé d'un second rôle, une sorte de chat appelé Jujube :
Mais malgré le fait que j'ai grandi avec ces tomes et que mon humour glacé et sophistiqué ne serait pas ce qu'il est sans Gotlib, il y a beaucoup de choses que je ne savais pas jusqu'à... la semaine dernière, où j'ai googlé des trucs sur Gotlib pour la première fois sur le net 🙉, chose que je ne pouvais pas faire dans ces temps reculés (en fait, au départ je voulais juste savoir si Jujube était vraiment un chat).
Eh bien déjà, Jujube n'est pas un chat, c'est un renard, un renard apprivoisé. Ensuite, j'ai appris qu'à la base Jujube était le héros principal de cette série, et l'a été pendant plusieurs années, avant que le personnage de Gai-Luron, fort de son succès, n'en devienne progressivement le protagoniste (en fait, même dans le tome 1 de Gai-Luron, Jujube était toujours officiellement le héros principal de la série dans la majorité des pages jusqu'à un certain point).
La série a commencé en 1962 avec Jujube et Nanar le petit garçon qui l'a recueilli dans la forêt. C'était les premières cases de Gotlib (il avait juste fait des illustrations de livres pour enfants auparavant) dans le monde de la BD :
Après plus de 40 ans où ces (centaines !) de pages n'ont jamais été publiées et trouvables nulle part, sort en 2006 un recueil regroupant quasiment toutes (il en manque vers la fin) les planches de Nanar & Jujube, recueil que j'ai donc commandé
Car en effet, la série a été publiée dans Vaillant, le journal de Pif qui était clairement axé
Au fil de la série, des personnages apparaissent et disparaissent, les deux oncles de Nanar s'effacent et sont remplacés par Piette sa cousine venue visiter la campagne. On trouve alors une certaine phase avec un contexte ambigü, où les deux enfants sont les seuls maîtres à bord dans la maison, font le repassage, le ménage, la bouffe avec personne avec eux, et en plus certaines bulles connotant que l'un essaie de séduire l'autre. Comme un couple d'enfants vivant dans une maison isolée au milieu de la campagne quoi, avec pour seul voisin un fermier appelé le père Laglume (qui est d'ailleurs le propriétaire du chien Gai-Luron à l'origine). Un peu chelou.
Au début, Jujube est un animal avec très peu de signes anthropomorphiques, et ne s'exprime qu'avec des "grogn" (qui me permettent enfin de comprendre pourquoi il y avait une certaine case dans Gai-Luron ou ce dernier faisait "pas ouaf" pour imiter le "pas glop" du fameux Pifou, et Jujube faisait "pas grogn" alors que logiquement je pensais qu'il ferait plutôt "pas miaou" moi... Bref).
On apprend qu'il ne se nourrit que de poids chiches aussi, détail dont on ne trouve aucune mention dans Gai-Luron je crois. Il va (très) progressivement se mettre à s'exprimer, d'abord par pensée, puis par parole avec les autres animaux de la forêt, et se tenir de plus en plus sur ses deux jambes.
L'évolution est, bien que classique, assez intéressante à suivre. 😃
Gai-Luron apparaît vers la fin (logiquement, puisque la série va devenir Gai-Luron justement à cause du succès relativement rapide de ce personnage), il y a une poignée de gags inédits incluant Gai-Luron dans ce recueil, mais la plupart seront repris dans le tome 1 officiel de ce dernier... et c'était de celui-ci que je connaissais déjà vaguement les personnages de Nanar et Piette qui apparaissaient occasionnellement, de plus en plus en second plan pour ensuite disparaître totalement.
Ironiquement, une fois les deux enfants disparus de la série, c'est Jujube et Gai-Luron qu'on retrouve seuls en charge de la maison. Peut-être que si la souris avait eu plus de succès, elle serait devenue elle-même la protagoniste de la série et aurait également hérité de la baraque à son tour, qui sait. Mais je divague.
Bref, c'était avant les Dingodossiers, avant la Rubrique à brac, avant Gai-Luron, enfin ses toutes premières planches de BD quoi.
On trouve également dans le recueil une section à part avec des héros exclusifs des débuts de Gotlib, qui auront survécu pendant à peine une poignée de planches chacun : Puck & Poil (énorme influence Tex Avery), Klop (avec un style de dessin assez différent rappelant un peu Reiser, où on retrouve d'ailleurs deux gags qui seront plus tard repris et adaptés pour Gai-Luron)...
Très instructif, surtout pour ceux comme moi qui ont toujours été familiers avec les personnages de Gotlib mais sans connaître leurs origines, et puis au-delà de l'humour plus classique et vieilli, il y a toujours ce charme de la vieille BD obscure du début des années 60, les expressions, les objets de la vie quotidienne... (la vache, la dernière fois que j'ai entendu parler de cachous ça devait être quand j'avais 6 ans chez ma grand-mère)
Grogn.
*
GAY LARON
Vous connaissez tous Gai-Luron de Gotlib, que j'ai récemment évoqué ici-même sur ce forum, mais connaissiez-vous son pire ennemi, Gai-Luron Poche ?
Pendant la période où Gotlib avait délaissé son héros, son collègue Henri Dufranne le reprit dans ces recueils venus tout droit de l'outerspace, sous la bénédiction du maître.
Dufranne nous livre alors l'ultime chef-d'oeuvre du non-humour, le niveau comique y est tellement consternant en permanence que cela nous plonge dans une ambiance bizarre, presque malsaine, acculés que nous sommes entre les moments de flottement et les moments de doute, happés que nous sommes par une dimension qui n'est pas la nôtre, plus perdus que si nous avions ingurgité 50 kilos d'opium pur, bref envahis par la plus grande consternation qui arrive néanmoins à étonnamment nous arracher un rictus nerveux sous le poids et l'accumulation de cette avalanche de nullité.
Une chose est sûre, personne n'en sortira indemne. Et encore moins le vrai Gai-Luron.
Florilège venant d'un autre site (et non je n'ai pas tronqué, c'est bien la chute que vous voyez à chaque fois au bout de 4 cases) :
On tend même vers le salace avec des relations plus que douteuses avec son poisson femelle [cliquez pour agrandir] :
Et le meilleur pour la fin :
WTF ?
De quoi faire passer Tomer Sisley pour un prodige de l'humour.
Et notez que c'est un professionnel, il était payé pour ça. Je veux bien m'imaginer qu'on lui demandait un niveau de productivité pas possible, mais là quand même...
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